Gisèle Pelicot
Bonjour à toutes et à tous, bienvenue sur le premier épisode du podcast “Une femme, un pays, une histoire”, présenté par Jeanne et Valentine. Chaque épisode de ce podcast sera donc dédié à une femme dont le parcours de vie est exceptionnel mais avec le soucis de vous présenter des personnalités issues de toutes les régions du monde. Aujourd'hui, nous allons commencer par la France et avons décidé de vous parler d’une femme devenue icône internationale du féminisme et plus généralement du droit des femmes : Gisèle Pelicot. Avant de commencer cet épisode, nous tenons à faire un trigger warning : nous allons aborder la question du viol et des violences sexuelles, n’écoutez donc pas cet épisode si vous êtes sensibles à ce sujet. Autrement bonne écoute à tous !
Tout d’abord, qui est Gisèle Pelicot ?
Gisèle Pelicot est une femme française mondialement connue pour avoir porté plainte contre son mari et ses complices pour des viols collectifs impliquant notamment une soumission chimique : c'est l’affaire des viols de Mazan. Gisèle naît le 7 décembre 1952 en Allemagne de l’Ouest. Elle a 5 ans lorsqu’elle revient en France mais à peine quelques années plus tard, alors qu'elle n'a que 11 ans sa mère décède d’un cancer. C’est en 1971, à l'âge de 19 ans qu’elle rencontre Dominique Pelicot, qu’elle épousera 2 ans plus tard et avec qui elle aura 3 enfants.
Pourquoi son combat judiciaire a-t-elle fait de Gisele Pelicot une figure féministe admirée dans le monde entier jusqu à être désignée “femme de l'année” par le célèbre magazine Time ? Il faut remonter au 2 novembre 2020, le jour où Gisèle Pélicot découvre l’horreur des faits. Son mari, durant une période de 11 ans, la drogue régulièrement dans son sommeil et invite des inconnus à abuser sexuellement d’elle et à la violer. On dénombre pas moins de 200 cas de viols par plus de 70 hommes, ces chiffres terrifiants sont à l'image du supplice de Gisèle Pélicot.
Nous voulons surtout vous parler de son procès et du combat extraordinaire qu’elle a initié et qui a inspiré de nombreuses personnes à travers le monde. Gisèle Pélicot aurait très bien pu vouloir garder l’anonymat et ne pas prendre la parole publiquement, mais elle a décidé de rendre son procès public afin que selon ses dires “la honte change de camp”, qu’elle touche enfin ces criminels et non la vic. Malgré la souffrance qu’elle a éprouvée, Gisèle a gardé la tête haute durant les quatre mois du procès, faisant preuve d’un immense courage, salué dans le monde entier. Mme Pelicot affirme que ce qui l’a réellement motivé à porter sa cause en public est sa détermination à changer la société et à montrer son soutien aux victimes ignorées partageant la même lutte, je cite “je le fais au nom de toutes ces femmes qui peuvent subir cela”.
Et cette lutte ne date pas d’hier, on vous propose donc un petit retour sur l’histoire du droit des femmes en France ;
Quand on parle de féministes françaises, on pense peut-être d’abord à Olympe de Gouges, qui écrit la DDFC en 1793, mais ce n’est malheureusement pas à cette époque que les femmes ont pu acquérir des droits. Vous pensez surement aussi à Simone Veil et à la loi pour l’avortement en 1975, mais on remarque que presque 2 siècles entiers séparent ces deux femmes. Hélas, on est obligées de constater que les premiers droits pour les femmes, à commencer par le droit de vote en 1944, ont été majoritairement accordés au 20ᵉ siècle. Sous Napoléon, le code civil de 1804 précise même que la femme, je cite, “doit obéissance à son mari”. Bref, pour parler des droits des femmes, il faut surtout parler de ces 100 dernières années. Après le droit de vote, c’est en 1965 que les femmes peuvent enfin avoir un compte en banque et travailler sans avoir besoin de l’accord de leur mari. Les premières lois sur les violences sexuelles et le viol sont créées en 1810, mais elles ne reconnaissent pas le viol au sein d’un mariage. Il faudra attendre 1980 pour que le viol soit reconnu comme un crime et défini explicitement par la loi. Et cela suite au procès de deux jeunes touristes violées, défendues par Gisèle Halimi. Finalement, en 2006, la question des viols au sein de couples mariés est traitée et devient aussi un crime. Et puis, une dernière loi qui nous semble importante à souligner puisqu’elle est en lien avec le parcours de Gisèle Pélicot, est la loi Schiappa de 2018 qui fait de la soumission chimique une circonstance aggravante dans le cas de viols ou de violences sexuelles.
Aujourd’hui, quand on parle de viol, on constate tristement, malgré de nombreuses avancées, qu’en 2024, 94 % des affaires ont été classées sans suite. C’est donc un long combat qu’ont mené de nombreuses femmes pour en arriver à la situation actuelle, et même si beaucoup de choses ont déjà changé, l’égalité hommes-femmes n’est pas encore respectée partout et par tous.
Pour en revenir à Gisèle Pélicot, vous vous demandez sûrement quel a été le verdict du procès de l’affaire des viols de Mazan. Son ex-mari Dominique Pélicot a été condamné à la peine maximale de 20 ans de prison et les 50 autres accusés ont eu des peines allant de seulement 2 ans ferme à 15 ans de réclusion criminelle.
“Il est temps que change cette société machiste et patriarcale, qui banalise le viol”, voilà ce que disait Gisèle Pelicot, et c’est l’objectif qu’elle a poursuivi durant les mois de son procès. Véritable modèle du féminisme, combattante et une des femmes de l’année 2025 selon le Times, c’est ainsi qu’elle rentre dans l’histoire et qu’on se souviendra d’elle.
Merci à toutes et à tous pour votre écoute, on espère que ce premier épisode vous aura plu et que vous aurez appris de nombreuses choses sur le parcours de cette femme incroyable et aussi sur l’histoire du droit des femmes en France. À bientôt pour un nouvel épisode de Une femme, un pays, une histoire !

Jeanne et Valentine