L’impression au bloc de bois est une des plus anciennes techniques d’impression de motifs, d’images et de texte sur tissu ou papier, dont les premières traces remontent aux environs de l’an 200 après J.C..
Le processus est relativement simple : une image, ou texte est taillé en miroir sur un morceau de bois, qui est imbibé d’encre et placé contre le support, pour produire une image. Cependant, les différentes méthodes de transfert de l’encre, de reproduction en couleurs, ou d’impression de texte, rendent cette technique particulièrement complexe et diversifiée.
La xylographie se développe initialement en Chine, qui fut aussi le berceau du papier et de la soie. À travers le premier millénaire après J.C., nous pouvons citer son utilisation dans l’impression de motifs bouddhistes sur ce tissu, mais aussi de pièces de théâtre : recopiées à la main sur un papier fin, puis décalquées et gravées en négatif sur un morceau de bois, les pages étaient imprimées en entier, puis pliées pour former un livre.
Cependant, cette méthode présentant ses défauts, comme les grandes quantités de bois utilisées, ou sa lenteur ; et l’impression de pages complètes fut abandonnée en faveur de celle en pièces individuelles. Bien que l’alphabet chinois fut extensif, avec plus de 40 000 caractères à l’époque, on observe, à partir de l’onzième siècle, un développement de la typographie mobile sur bois, qui est utilisée jusqu’en 1200, avant son remplacement par des pièces individuelles en céramique ou métal, plus résistantes. En Chine, celles-ci sont encore utilisées jusqu’aux années 1800, mais le développement du bronze en Corée à partir du treizième siècle promeut la modernisation de la technique d’impression dans la péninsule. Comme en Chine, toutefois, la démocratisation de l’accès aux publications est retardée par la complexité du système d’écriture, qui rend moins évidente l’impression ; quoiqu’un alphabet plus simple ait été proposé plus tôt dans le XIVème siècle pour le royaume.
En Europe, la xylogravure se développe principalement avec la renaissance et la diffusion de l’imprimerie de Johannes Gutenberg, mais contrairement à la Chine, le bois n’est pas utilisé comme matériel typographique. On l’emploie plutôt dans l’impression des incunables xylographiques, livres d’environ 50 pages dont les pages sont engravées sur des blocs de bois, puis imprimées individuellement. Cette méthode d’impression, de qualité inférieure, est en compensation moins coûteuse, et est utilisée surtout pour des livres religieux adressés à un public moins aisé, comme la Biblia Pauperum, Bible des Pauvres, ou l’Apocalypse. Une fois que les pages étaient imprimées en frottant le papier sur des planches gravées, ces livres ont la particularité de n’être imprimés que sur la moitié des pages, puisque l’impression double les endommagerait. Le procédé utilisé pour les incunables était aussi repris lors de la fabrication des cartes à jouer.
Quant à l’illustration, la xylographie était la méthode préférée d’impression d’images, puisqu’elle fonctionnait selon le même principe de l’impression traditionnelle, et pouvait être conjuguée avec les caractères métalliques pour participer à l’impression dans l’imprimerie. Elle se diffuse donc avec celle-ci dans toute l’Europe, en particulier en Allemagne, aux Pays-Bas, et au nord de l’Italie. Cependant, avec d’autres inventions remplaçant l’illustration par xylogravure, celle-ci connaît un déclin rapide.
Au Japon, les premières évidences de textes reproduits par xylographie furent un ensemble d’inscriptions bouddhistes, distribués à des centaines de temples à travers le pays 761 et 770. Cependant, l’imprimerie ne connaît son vrai essor, qu’à partir de la fin des années 1500, avec l’utilisation d’une presse, qui avait été pillée en Chine. Combinée avec la fermeture du pays sous un régime militaire très strict, on put y observer une augmentation considérable des taux d’alphabétisation, ainsi que l’émergence d’une classe urbaine éduquée, qui est consommatrice d’art et de littérature. Des manuscrits sont publiés en grande quantité, et l’impression se diffuse dans les villes les plus importantes.
Pendant la période Edo, qui commence en 1608, la xylographie se développe aussi comme une forme artistique, bien qu’elle fût moins prestigieuse que la peinture. Les gravures, qui font partie du genre ukiyo-e, ou peintures du monde flottant, se font autour de scènes de la vie courante, de la mythologie shintoïste, de paysages, de saisons, ou d’acteurs de kabuki, un genre théâtral typique du pays. Parmi les principaux artistes, nous pouvons en citer deux, comme les plus importants représentants du mouvement. D’une part, Katsushika Hokusai, rendu célèbre dans le Japon et en Europe pour ses collections « Vues fameuses de la capitale de l’Est » et « Trente-six vues du Mont Fuji », dont l’œuvre La Grande Vague de Kanagawa est la plus connue ; et de l’autre TōshūsaiSharaku, un artiste à l’identité mystérieuse, méprisé par le public de l’époque pour ses portraits trop réalistes d’acteurs de kabuki, mais dont les gravures sont aujourd’hui reconnues comme certaines des meilleures productions de l’époque. Finalement, la couleur, qui était au départ ajoutée à la main et se limitait à du noir ou du rouge, est progressivement incorporée à travers la méthode nishiki-e, qui consiste en séparer les gravures en plusieurs blocs mobiles, auxquels on applique chacun une encre différente, mais qui sont imprimés ensemble, afin de former une illustration complète.
À partir des années 1860, avec l’ouverture du Japon au commerce international et l’arrivée d’œuvres orientales, mais surtout japonaises, au public européen, la xylogravure connaît une petite renaissance, comme leurs motifs et thèmes influencent plusieurs courants artistiques, qui reprennent la technique. Les artistes impressionnistes s’inspirent des impressions exposées dans les boutiques de curiosité à Paris comme à Londres, mais les expressions du japonisme sont aussi visibles dans le mouvement nabi, ou l’art nouveau.
Parmi les artistes qui reprennent des éléments japonais dans leurs œuvres, nous pouvons citer Vincent Van Gogh, ou Edgar Degas, qui possédaient chacun des collections d’art japonais, et dont le choix de couleurs, ou l’asymétrie de la composition dans les peintures témoignent d’une inspiration orientale.Postérieurement, pour leur facilité technique, la xylographie et la lithographie sont unes des méthodes choisies par les expressionnistes, avec des adeptes comme Edvard Munch ou symbolistes, comme Odilon Redon ; mais aussi par des illustrateurs de livres pour enfants.