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Histoire : Guerre en Ukraine - Episode 2 : La Renaissance
Histoire - géographie/História e geografia
Publicado em 09/09/2022

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Aimé : Bonjour à tous. Nous sommes ravis de vous accueillir sur cette chaîne webradio du lycée Pasteur pour vous parler d’un sujet qui nous préoccupe toujours autant : la guerre en Ukraine. Dans l’épisode précédent, nous avions abordé l’histoire de la Rus’ de Kiev Aujourd’hui nous nous attarderons sur les relations entre le jeune empire moscovite et l'Ukraine naissante durant les XVII et XVIIIe siècles. Dans quelle mesure cette période est-elle si déterminante pour la construction de l’empire russe ? Comment la Russie a-t-elle réussi à établir sa domination ? En fait, quel est l’empire que Poutine cherche tant à retrouver ?

Aujourd’hui notre intervenante et spécialiste du sujet : Sybille Gras, Bonjour Sibylle 

 

Sibylle: Bonjour ! 

 

Aimé:  Pouvez-vous nous dresser un portrait rapide du contexte géopolitique de l’époque qui nous concerne ? Les tensions existaient-elles déjà entre la moscovie et l’Ukraine ?

 

Sibylle : Et bien, il faut savoir qu’au début du XVIIème siècle, l’Ukraine faisait partie de l’ensemble polono-litunanien, et prend seulement à cette époque son nom “Ukraine”. A l’époque, elle était peuplée de cosaque, c'est-à-dire, celui qui combat pour sa liberté. Il existait alors un clivage au sein de l’Ukraine entre 2 sociétés : l’une à l’ouest sous domination polonaise, dont la communauté cosaque principale était les zaporogs, et l’autre à l’est, sous domination russe, constituée notamment de la communauté des dons. Cette fracture au sein de l’Ukraine alimentait déjà les tensions géopolitique entre la Russie et la Pologne. 

Aimé : Mais alors par la suite, que devient cette Ukraine déjà séparée en deux ?

 

Sibylle : Les polonais, étant jaloux de l’autorité et de l’influence des Russes, vont en 1648, chercher à étendre leur autorité sur l’Ukraine en passant par la diffusion du catholicisme. Néanmoins, les cosaques, étant culturellement orthodoxes, ne furent pas réceptifs à cette propagation et se révoltèrent contre le pouvoir polonais, et en particulier le clergé. L’Ukraine cherche alors à échapper à la double menace du catholiscime d’une part et de l’Islam d’autre part qui est à l’époque propagé massivement par l’Empire Ottoman. C’est dans ce contexte que l’Hetman, le chef des cosaques ukrainien, va chercher à passer sous la protection du tsar qui profite évidemment de l’occasion pour affirmer son autorité et sa puissance en Ukraine. C’est pourquoi, en 1654, la charte de l’assemblée des père et slaves unie la Russie à l’Ukraine. 

 

Aimé : Et en quoi consiste cette charte qui resserrent les liens entre la Russie et l’Ukraine ? Qu’apporte l’Ukraine à la Russie ? 

 

Sibylle : Avec la charte, les cosaques gardent toujours une certaine liberté traditionnelle, mais perdent cependant en autonomie, notamment dans leurs relations avec leurs voisins. Il faut savoir qu’avant tout, l’Ukraine sert de garde frontière, de protection pour la moscovie, face à l’Empire Ottoman ; on parlera encore durant la guerre froide de zone tampon.... Elle permet ainsi au Tsar Pierre premier, dit Pierre le Grand, à la toute fin du XVIIème siècle, de lancer, grâce au soutien des cosaques, une campagne contre Azov et Tarangov - autrefois villes ottomanes. La Russie obtient un accès à la mer par Azov et peut ainsi contrôler l’embouchure du Don

 

Aimé : Mais alors, comment cette extension de l’influence russe vers l’ouest est-elle perçue par les pays voisins ? 

 

Sibylle : Comme nous pouvons nous y attendre, elle n’est pas perçue d’un très bon œil. En effet, en 1700, l’année même où la Russie accède à la Mer d’Azov, une grande guerre éclate en Europe du Nord entre la Suède et la Russie, appelée aujourd’hui la Grande Guerre du Nord. Les cosaques participeront à cette guerre aux côtés des russes naturellement, afin de les aider lorsque le roi de Suède, Charles XII, tente une première offensive contre Moscou. Par la suite, la Russie perd le soutien de l’Ukraine lorsque la Suède envahit cette dernière. La Russie ne viendra pas en aide à l'Ukraine c’est pourquoi, par vengeance, une partie des cosaques donneront leur loyauté aux suédois lors de la bataille du 8 septembre 1709 à Poltava en Ukraine. Celle-ci se clôt par une défaite cuisante pour les suédois. Tous les ukrainiens ayant participé à cette guerre furent exécutés par les russes qui récupérèrent le territoire.

 

Aimé : Qu’en est-il alors de la position de la Russie sur le continent ?

 

Sibylle : La Russie ne remporte finalement qu’une demi-victoire car elle perd le soutien cosaque qui était son unique défense face aux Ottomans. Afin de résoudre ce problème, l’impératrice Catherine II lance une politique de russification pour regagner la confiance des cosaques ainsi que celle des pays voisins qui avait signé un traité avec les Ottomans en 1774 ayant pour objectif de bloquer l’accès de la Russie à des points stratégiques comme la Mer Noire. L’impératrice, tente un an plus tard, de pousser davantage la russification avec l’interdiction d’utiliser le terme Ukraine. Plusieurs institutions d’enseignement de la langue russe furent créées ainsi que de nouvelles villes prorusses; notamment celle de Kerson, dont nous en avons beaucoup entendu parlé au début de la guerre actuelle. Enfin, en 1783, les Russes s’emparent de la Crimée, qui était jusque-là indépendante. C’est ainsi que, principalement, la Russie bâtit son Empire. 



Aimé : Comment cela a-t-il été perçu par les cosaques ? Parce que finalement ça n’a pas dû être facile de voir cette Russie qui les a trahi s’étendre et prendre l’ascendant sur leur territoire.

 

Sibylle : Bien sûr, cette poussée de la russification ne plut pas du tout aux cosaques qui réclamèrent, sans oser se révolter, leurs droits traditionnels qui leurs avaient été accordés lors de la charte. Droits qui ne leur seront pas restitués. Pierre-Claude Potterat, un français, rapporte en 1780, je cite: “Tous les cosaques sans exception avaient un profond mépris pour les Russes”. C’est ainsi que continue notre explication des relations houleuses entre les peuples russes et ukrainiens. 

 

Aimé : Merci beaucoup Sibylle pour toutes ces informations. Finalement on voit bien que l’histoire des relations entre la Russie et l’Ukraine de la fin du XVI à la fin du XVIII est bien celle d’une soumission progressive. Ce processus d'intégration s’inscrit dans une dynamique pluriséculaire de progression russes, afin de gagner un accès aux mers chaudes. 

Comme quoi Poutine n’a rien inventé, l’accès à la mer par la Crimée, le désir d’une zone d’influence pour éloigner l’occident de ses portes, etc.

 

Cette deuxième émission s’achève, nous nous retrouverons la semaine prochaine avec un nouvel et ultime épisode historique qui portera sur les relations de la Russie et l’Ukraine du XIXème au XXème siècle. Bonne journée à tous de la part de la webradio du lycée pasteur.

 

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